• TESTAMENT

    J’avais les yeux dans les étoiles et la tête dans La Lune. Ils disaient que je l’oublierai. Pas ma tête. La Lune. Ma tête, c’était impossible, elle était vissée à mon corps, comme fondue dans la masse. Alors, il fallait que j’oublie quelque chose et ils avaient décidé que ce serait La Lune. Pour me le prouver ils y avaient planté un drapeau. Un drapeau avec des étoiles.
    Ce jour là, je n'étais pas encore né, mais j'avais tout vu, peut-être tout entendu. C'est un poète qui me l'avait dit avant de mourir. Il m'avait laissé une sorte de testament dans lequel il avait soufflé ses rêves. Soufflé, pas joué. Le jeu de dames en extension du jeu qui damne. C'était ainsi. Bémol bluesy en si m’avait il dit. Après tu improvises jusqu’à t’en vider les tripes, jusqu’à mourir à ton tour ; ne fais pas comme eux, ne passe pas à côté de la vie. Et, même s’il n’existe pas ce monde, fais en des montagnes et des vallées, glisse sur le vent aux dessus des océans, invente des villes et des villages, des hommes, des femmes, la pluie et Le Soleil, le jour et La Nuit…
    Il était parti aussi simplement qu’il était venu, sans se retourner pour ne pas être changé en statue de sel. Même pas l’espoir de se retrouver ailleurs, ni même la vanité d’être éternel. Il avait laissé des mots qu’on avait déjà dits avant lui et qu’on dira plus tard, dans d’autres langues, dans d’autres temps.
    Il nous avait passé le relais. Il avait porté sa flamme du mieux qu’il avait pu et s’était évaporé sans se justifier.
    Prendront la relève ceux dont le cœur n’est pas devenu analphabète.

     

    Marc

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